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European Climate Pact

Together for 1.5°C - Sebastien Lahaye

Mon monde, mon action, notre planète: rencontrez le pompier mobilisé pour la prévention des feux de forêt 

La hausse des températures due au changement climatique a engendré une augmentation des feux de forêt dans toute l’Europe, provoquant une crise qui menace des maisons, des communautés et des vies humaines. Sébastien Lahaye est français, pompier de profession. Il a décidé de revêtir le costume d’ambassadeur du Pacte européen pour le climat

Pour lui, la solution ne réside pas seulement en Europe, mais peut aussi trouver son origine dans l’arrière-pays de l’Australie, aussi connu sous le nom d’outback australien. Sébastien a eu la chance de côtoyer des peuples autochtones d’Australie qui lui ont appris leurs techniques de prévention des incendies. Suite à cette expérience, il s’est engagé à porter un message sur la façon dont nous exploitons et gérons les terres, dans le but de réduire la fréquence et l’intensité des feux de forêt en France et partout en Europe.

Mon monde: une question brûlante 

Cela fait plus de 20 ans que Sébastien Lahaye intervient comme pompier en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Son expérience dans cette région particulièrement sèche et de plus en plus vulnérable aux incendies violents a fait de lui un véritable expert dans son domaine. 

Si, au départ, le métier de pompier était pour lui une chance de «mener une carrière au cœur de l’action afin d’aider les gens», il s’est inquiété au fil des années de voir que la fréquence et l’intensité des feux de forêt ne cessaient d’augmenter. «J’ai réalisé que nous devions améliorer nos connaissances sur les incendies et leurs facteurs déclenchants», explique Sébastien. Cette prise de conscience l’a amené à retourner à l’université pour obtenir un doctorat en sciences de l’environnement et lutte contre les incendies.

«Le changement climatique engendre des incendies de plus en plus extrêmes, explique-t-il. La sécheresse se déplace à la fois vers le nord et en altitude, touchant un nombre croissant de régions.» Et ce n’est pas le seul problème. En effet, plus il y a de feux de forêt, plus il y a de carbone libéré dans l’atmosphère, ce qui contribue à son tour à accélérer le changement climatique. 

Après avoir terminé son doctorat, Sébastien a passé une année en Australie, un pays accoutumé depuis longtemps aux feux de forêt, où il a occupé le poste de chercheur à l’Université de New South Wales à Canberra. Ce séjour lui a permis de trouver les réponses à ses questions. «Pendant 40 000 ans, les aborigènes d’Australie ont géré leurs terres arides non pas en considérant le feu comme un ennemi, mais en l’utilisant comme un outil, explique Sébastien. En hiver, ils utilisaient la technique dite de brûlage à froid ou dirigé, aussi appelée “agriculture au bâton de feu”, qui consistait à allumer des feux dirigés pour brûler les buissons et les broussailles, tout en laissant les arbres intacts.» 

En éliminant la végétation susceptible d’agir comme combustible, cette technique permettait de limiter l’intensité des feux de forêt en été. Lorsque cette pratique a été abandonnée au 20e siècle, l’Australie a enregistré une résurgence des feux de forêt qui, combinés à la sécheresse provoquée par le changement climatique, ont conduit le pays à la catastrophe. «En Australie, j’ai étudié le cycle complet de la gestion des risques d’incendie, de la prévention à la préparation, en passant par les stratégies de riposte et les mesures d’adaptation. L’agriculture au bâton de feu est le chef-d’œuvre des peuples autochtones.» 

Mon action: combattre le feu par le feu

En 2018, l’Europe a été confrontée à l’épreuve du feu. Un nombre sans précédent de pays européens ont enregistré des feux de forêt d’une ampleur jamais atteinte auparavant, lesquels ont libéré des panaches de fumée riche en carbone dans l’atmosphère, exacerbant encore davantage la crise climatique. En outre, les pays qui étaient jusqu’alors épargnés, comme la Suède, ont connu leurs pires séries d’incendies, au point de devoir demandé une aide internationale. 

De retour en France cette année-là, Sébastien savait qu’il fallait faire quelque chose, non seulement pour mettre fin au désastre en cours, mais aussi pour éviter qu’il ne s’amplifie dans les années à venir: «L’Europe va connaître de plus en plus d’incendies extrêmes, et nos efforts pour répondre au problème ne sont pas suffisants». Sébastien a acquis la conviction qu’une meilleure gestion des terres, inspirée par les techniques de ses mentors australiens, était la clé pour renforcer notre résilience contre les feux de forêt. 

Il a ainsi créé un service de conseil pour partager ses connaissances et son expérience au plus près du terrain avec des pompiers, des autorités de lutte contre les incendies, des experts forestiers et des services publics. Inspirée des techniques apprises par Sébastien en Australie, son équipe composée d’un petit nombre de spécialistes formés utilise le feu comme un outil pour atténuer le risque d’embrasement incontrôlé et d’incendies potentiellement désastreux dans le sud de la France, des Alpes aux Pyrénées, en passant par la Corse et au-delà. 

Agissant aussi à l’échelle internationale, l’équipe a entrepris un nouveau projet qui vise à «partager le savoir-faire et les meilleures pratiques en matière de brûlage dirigé entre l’Europe et l’Amérique du Sud». Lors de ce projet, Sébastien et son équipe voyageront en Amérique du Sud pour rencontrer les populations locales et tirer les enseignements de leur gestion des terres. 

Sébastien se rend aussi régulièrement dans les communautés rurales et urbaines des régions du sud de la France, qui sont particulièrement vulnérables aux feux de forêt. Sur place, il présente des moyens de mieux gérer leurs terres et de se protéger elles-mêmes et la nature, par exemple en espaçant correctement les arbres et en éliminant l’excès de végétation pouvant agir comme combustible. 

«J’ai pour objectif d’aider tout le monde, des agriculteurs qui apprennent à utiliser le feu de manière appropriée, aux nouveaux arrivants dans les régions bordant la Méditerranée qui ne connaissent pas les risques associés aux feux de forêt. En collaboration avec les autorités et les services locaux, nous utilisons des méthodes innovantes pour gérer les risques, en impliquant les citoyens autant que possible.»

Notre planète: la prévention, première arme des pompiers

Aujourd’hui, Sébastien endosse un rôle de conseiller exerçant un impact positif dans les communautés à haut risque. En aidant les équipes à brûler la végétation de manière contrôlée, à sensibiliser le public et à adapter les bâtiments pour améliorer leur résistance au feu, Sébastien contribue à lutter contre les ravages qui ont touché toute l’Europe ces dernières années.

Il s’invite également régulièrement dans les médias locaux pour évoquer la technique du brûlage dirigé et appeler à une meilleure gestion des terres. «Mon expérience en tant que pompier me rend crédible auprès du public. Parfois, il peut être difficile de convaincre les gens de changer leurs habitudes, alors je profite d’avoir cette plateforme pour faire passer mon message.»

Pour élargir son audience, Sébastien avait besoin d’unir ses forces avec d’autres. C’est pourquoi en 2022, il a rejoint le Pacte européen pour le climat, un réseau européen constitué d’individus, d’organisations, d’entreprises et de villes encourageant la prise d’initiatives venant de la base pour agir en faveur du climat. Le Pacte lui permet aujourd’hui de partager son message avec un public plus large. «Si j’agissais seul, il serait très difficile de faire avancer les choses, déclare-t-il. J’ai toujours été convaincu que nous sommes plus forts lorsque nous travaillons en équipe plutôt qu’individuellement. 

Sébastien pense que son rôle d’ambassadeur du Pacte pour le climat l’aide à faire une différence, car il commence à observer une évolution des mentalités: «Lorsqu’un incendie de forêt majeur se déclare, les médias ne se contentent plus d’insister sur la nécessité d’y répondre rapidement, explique-t-il. Ils soulignent aussi l’importance de la prévention, et les autorités sont sensibles à ces déclarations. Je pense donc que mon message trouve son écho. Si nous ne prenons pas de mesures préventives et ne gérons pas mieux nos terres, nous continuerons à voir d’énormes feux de forêt en Europe.»